Fascia : un réseau de membranes encore méconnu

Composés d’environ 70% d’eau et 30% de colloïde, les fascias sont des tissus conjonctifs qui forment un réseau de fines membranes enveloppant tous les organes du corps humain (os, ligament, tendon, viscère, artère, veine, nerf...), les interpénètrent et les relient entre eux. Ils répondent à plusieurs appellations : ligaments, aponévroses, membranes, péritoine, mésentère, épiploon, dure-mère, etc. Plus ou moins fibreux, lâche ou élastique selon sa fonction, le fascia est sans rupture et cette continuité tissulaire (sa spécificité majeure) permet de comprendre pourquoi un problème localisé dans une partie du corps humain peut avoir des répercussions à distance. C’est ce que l’on appelle aussi l’aspect holistique du corps.

"Il s’agit d’une sorte de résille, un maillage d’une complexité inouïe, d’une continuité tissulaire totale et assurant plusieurs rôles majeurs dans l’organisme."

En raison de sa répartition dans toutes les structures anatomiques, il représente l’organe sensoriel le plus important de l’organisme. Du latin « fascia » qui signifie bandelette, enveloppe, ce tissu vivant subit toutes les formes d’agression, physique, psychologique ou biologique. Il s’agit d’une sorte de résille, un maillage d’une complexité inouïe, d’une continuité tissulaire totale et assurant plusieurs rôles majeurs dans l’organisme. Connectifs, extrêmement résistants et élastiques, les fascias sont capables de se contracter et d’influencer la dynamique musculaire et articulaire de tous nos grands systèmes (cardio-vasculaire, respiratoire, gastro-intestinal, musculo-squelettique, neurologique...). Leur mobilité a un rythme particulièrement lent qui s’exprime dans les tissus, lesquels bloqués par les émotions peuvent - grâce à un point d’appui - retrouver leur mobilité, fondement même de la technique. Du fait de leur élasticité et de leur tonicité, ils réagissent et absorbent toutes les agressions physiques et psychologiques récentes ou plus anciennes auxquelles nous sommes confrontés.

Cette gaine mobile, véritable courroie de transmission vivante va, lors d’un traumatisme, se crisper, se rétracter, se densifier, perturbant ainsi l’équilibre du corps en lui faisant perdre son relatif espace de liberté. Comme la vie s’exprime par le mouvement, il est compréhensible que les tissus perdant leur dynamique, même partiellement, aient un retentissement notable sur l’ensemble, créant ainsi ce que l’on pourrait appeler les prémisses d’un problème spécifique que l’on nomme maladie ou autre. Ainsi, l’harmonie du corps expose sa problématique et c’est au thérapeute d’entrer en résonance manuellement avec tout ce qui est en déséquilibre.

Les fascias ne sont connus que depuis une quarantaine d’années, les anatomistes n’ayant pu découvrir les immenses possibilités de ces tissus lors des dissections. Alors que toute la science de la fasciathérapie est fondée sur le mouvement, pour les anciens chercheurs, ces tissus n’étaient perçus que comme un cloisonnement, une séparation entre les éléments.

C’est au monde de la chirurgie que l’on doit les premières observations du fascia et, dans les années 1980, Christian Carini fondateur de la fasciapulsologie et Danis Bois, physiothérapeute et ostéopathe, intrigués qu’ils étaient par des phénomènes, des réactions et des résultats qu’ils n’arrivaient pas à comprendre, découvrent l’activité des fascias et mettent au point une technique originale nommée la « Fasciathérapie ».

Récemment, et surtout depuis 2001, de remarquables congrès internationaux sur le fascia mettent en lumière les innombrables études et recherches qui rassemblent les données les plus pertinentes sur le rôle de ces tissus dans l’équilibre psychologique du corps. Parmi ces avancées, les travaux de Jean-Claude Guimberteau dont il faut signaler les spectaculaires vidéos illustrant un « univers fibrillaire en mouvement permanent, ininterrompu, tridimensionnel, d’une grande variété et au comportement imprévisible et aléatoire ». Le rôle de cet étonnant réseau fibrillaire démontre que le monde qui existe sous la peau est loin d’être simple.

Dans le film ci-dessus, Jean-Claude Guimberteau nous propose de découvrir le corps humain avec ses « promenades sous la peau ». A l’aide de caméras miniatures utilisées durant de vraies opérations, vous pourrez entrevoir les fascias à travers de somptueuses images.